Port d'Ambre, petit matin - Bérenger et Emetrios

Bérenger relâche sa concentration et s'écarte vivement de son probable cousin (l'hypothèse qu'il soit un oncle est trop improbable... et dérangeante). Il sait qu'il peut lui faire à peu près confiance. Il est temps d'enjoliver un peu la situation.

- "Désolé pour la méthode, mais il fallait que je sache si je pouvais te faire confiance. Je t'ai évité un long séjour en prison, et les interrogatoires rugueux de tonton Gégé, qui aime tant broyer des os... En fait, tu devrais même me remercier de tout ce que fais pour toi."

Bérenger surveille attentivement son probable cousin tout en parlant. Une agression en réponse est toujours possible, ce qui serait un comble vu le dévouement de Bérenger envers Astragor.

Astragor exténuer, reprend une forme humaine

-"Intéressant, tu es vivant, généralement cela se termine en bain de sang

-Merci, merci, merci

-On va le voir, ton chef de guerre ?"

- "J'ai une autre idée. Le sorcier qui t'a interrogé a l'air d'en savoir beaucoup, sans être forcément d'une puissance incroyable. La preuve, nous nous sommes enfuis assez facilement. Il faudrait le capturer pour lui tirer les nerfs du nez. Mais je ne pense pas que nous soyons capables à deux de le capturer, il nous faudrait de l'aide."

Bérenger s'approche d'Astragor et lui chuchote à l'oreille.

- "Il nous faudrait de la chair à canon, comme Victoire et ses gardes. Bien sûr, elle nous prend pour des lâches indignes de confiance, mais elle semble brûler du désir incompréhensible de sauver Emétrios. Si je m'aplatis complètement devant elle, telle une carpette rousse, et tiens des propos mielleux, genre "ton discours a ouvert les yeux de ma misérable personne, allons sauver Emétrios", elle acceptera peut-être de nous accompagner avec ses gardes, et il nous suffirait une fois sur place de détourner l'opération de sauvetage en capture du sorcier."

Bérenger s'éloigne un peu de son cousin.

-"Qu'en penses-tu ?".

"- les gardes ne sont pas le problème, ce sont les molosses avec leur salive empoisonnée, la capacité pistage à travers les royaumes, et puis une férocité certaine. Puis, je me demande de plus en plus s'ils n'ont pas été sélectionnés pour repérer notre sang familial.

Ne pourrait pas plutôt essayer de capturer un de ces cabots, et essayer de voir ce qu'ils sont exactement ?

Vous n'avez pas un rapport à faire ?"

Bérenger sourit, mais se demande si cette obsession pour les chiens ne serait pas atavique à sa famille, ou du moins à une de ses branches. Peut-être un autre fis d'Eric, comme Emetrios. Il se met à parler rapidement, les idées se bousculant dans sa tête.

- "Interroger un cabot ne devrait pas permettre d'aller bien loin. Une fois qu'il aura dit "ouaf, ouaf", nous serons bien avancés. Alors que ce sorcier semble en savoir beaucoup. En tout cas plus qu'un molosse. Et il ne paraît pas être trop puissant puisque tu as pu t'évader assez facilement."

Bérenger tapote un index sur sa lèvre supérieure, puis lisse sa moustache.

- "Là où tu as raison, c'est qu'un rapport doit être fait, et que je dois te présenter officiellement pour éviter qu'il t'arrive... un accident lorsque tu rencontreras un autre membre de la famille. Autant partir tout de suite pour le Palais, en espérant que Victoire ne fasse pas une bêtise après notre départ. Au pire, nous nierons l'avoir croisée."

Bérenger fait un clin d'oeil à Astragor, mais il ne plaisante qu'à moitié. Puis il mène Rouxpoil à l'extérieur de l'écurie, et se prépare à quitter Arden pour le Palais d'Ambre, ce qui prendra un certain temps.

Bérenger se dirige droit vers le Palais. Son but est double : faire un rapport sur la piteuse expédition d'Emetrios et se débarrasser d'Astragor. Pour arriver à ses fins, il a besoin de n'importe quelle figure d'autorité : Random au mieux bien sûr, mais Gérard pourrait aussi convenir en tant que gardien des frontières maritimes du Royaume. Même Martin suffirait en tant qu'héritier du trône (cette bonne blague). Soit vraiment n'importe qui de vaguement crédible. Arrivé devant le Palais, il apostrophe les gardes.

- "Gardes, j'ai besoin de voir le Roi ou un de ses plus proches représentants. J'ai des informations cruciales sur l'ennemi, et sur, heu, notre famille."

Bérenger désigne à ce moment là Astragor.

- "La famille s'agrandit. Dès que l'un de nous disparait, un autre semble apparaitre pour le remplacer. Pire que du chiendent. Ah ah. Enfin, bref, un nouveau cousin à présenter d'urgence au Roi, pour trouver sa place sur l'arbre généalogique, tout ça quoi..."

Un des gardes répond, visiblement gêné...
- "Monseigneur, il n'y a quasiment plus aucun prince au palais. Le roi est toujours dans le Cercle d'or, à Kafsha et il a donné des consignes à tous ses frères. Pour le moment, seul le prince Dalt est encore dans les murs. Et mêmes vos cousins sont absents. La reine pourra par contre surement vous recevoir je pense..."

- "Les rats ont quitté le navire, semble-t-il. Bon, qui n'a chien, chasse avec chat. Je serais très honoré que la reine Viale puisse m'accorder un rendez-vous. Après tout, c'est un peu la sainte patronne des cas désespérés de la famille."

Bérenger fait un clin d'œil à Astragor.

- "C'est une chance pour toi, notre reine est capable de bien plus de patience et de compassion que ceux de notre sang. Sa perspicacité est légendaire, n'essaye pas de lui mentir."

Bérenger se retourne vers les gardes.

- Veuillez prévenir son altesse, et trouvez nous des chambres et des vêtements de Cour. Une toilette approfondie est plus que nécessaire. Si mon oncle Dalt était aussi présent et disponible, je souhaiterais le rencontrer. Veuillez aussi l'avertir."

Tout en bombardant les gardes de consignes, Bérenger descend de cheval. Il mène lui-même Rouxpoil à l'écurie, ce qui lui permettra de vérifier si l'étalon noir de Dalt est bien là. Puis il monte se préparer. Il compte se laver en profondeur et se parfumer légèrement, afin de ne pas agresser l'odorat délicat de la reine.

Rodolphe me dit qu'il est dans la cour à attendre le serviteur qui le mènera à sa chambre.