Port d'Ambre, petit matin - Bérenger et Emetrios

Bérenger regarde sans mot dire le dénommé Astragor remplir son saladier et sortir. Il craint que l'individu ne soit un peu dérangé, un traumatisme crânien peut-être.

Après le départ d'Astragor, il demande aux patrouilleurs s'ils savent où se trouve Victoire.

- "Excusez-moi, je souhaiterais parler à ma cousine Victoire. Pouvez-vous m'indiquer où elle se trouve ?"

Bérenger ne sais pas ce qui est le plus préoccupant, le comportement étrange d'Astragor ou l'absence de Victoire. Bérenger aurait parié que Victoire se moquerait de lui dès l'aube.

Aux écuries, Rouxpoil ne manifeste pas une joie débordante à la vue d'Astragor. Il dédaigne les aliments présentés et repousse la main tendue de la tête. Rapidement, il fait même claquer un sabot au sol et fait fouetter sa queue, comme pour chasser des mouches imaginaires. Un jeune palefrenier toussote avant de prendre la parole :
- "Sans vouloir vous manquer de respect, messire, mais il semble que la monture du prince ne vous apprécie guere. Qui plus est, je l'ai deja nourri."

À l'intérieur, les patrouilleurs semblent d'abord surpris de la déférence dont fait preuve le fils de Bleys.
- "La princesse n'a rien dit, pas plus qu'elle n'a laissé de message. Mais elle est coutumière des balades matinales et elle ne s'est pas équipée pour un long périple. "

je m'éloigne du familier équestre  et interroge le palefrenier

-"Savez-vous où se trouve votre maitresse ?"

-"Savez vous quand elle doit rentrer ?"

-"Pourquoi tous ces préparatifs ?"

-"Connaitriez vous quelqu'un qui pourrait me fabriquez une nouveau bras dans les parages ?"

Comment marche la marelle dans le coin, j'altère quelques probabilités pour tester

Le jeune homme écoute d'abord attentivement. Puis, à l'évocation du bras, recule d'un pas et ne caché un regard indiquant le doute au sujet de la santé mentale de son interlocuteur. Il recule ensuite un second pas, attrape une fourche et commence à s'occuper de la paille des écuries, sans regarder Astragor. Il répond rapidement :
- "Je ne me suis pas occupé de la monture de Dame Victoire. Je sais juste qu'elle est partie très tôt, comme cela lui arrive fréquemment. Les préparatifs sont habituels : nous veillons à la sécurité des routes d'Arden. Enfin, je suis désolé pour votre bras mais je crains ne pas comprendre la question... Monseigneur, avec mes excuses, il me reste beaucoup de travail."
Le palefrenier s'éloigne à nouveau pour épandre de la paille, dans le coin de plus opposé de l'écurie.

Quant aux tests de la Marelle, il faudra qu'Astragor se déplace pour pouvoir modeler ombre.

Bérenger a-t-il conservé l'atout de Bleys que ce dernier lui a donné juste avant l'affaire de l'épée dominatrice de Cassandre ?

Bérenger étant momentanément rassuré sur Victoire, il se rend à l'écurie histoire d'interroger Astragor, plus fou manchot que Fu Manchu. S'il le trouve, il essaye de lui tirer les nerfs du nez, en commençant par une question simple.

- "Eh, mon gars, tu ne m'as toujours pas dit qui t'avait enfermé dans ce maudit donjon ? Il est fort possible que nous ayons des ennemis en commun, autant partager nos informations."

-"Quelle est votre relation avec votre Seigneur, je lui aie déjà dit tout ce je savais ?"

Les rares mots qui sortent de la bouche d'Astragor enrobe de ténèbres une situation déjà obscure. Bérenger se pince l'arête du nez. La discussion paraît aussi stérile qu'avec Emetrios.

- "De quel seigneur parlez-vous ? De votre protecteur, qui a envoyé Rouxpoil à votre secours et dont j'ignore l'identité ? J'espère en tout cas que vous ne parlez pas de Victoire, ma cousine."

MP envoyé à Obéron pour l'atout de Bleys

-"Ce n'est pas sa demeure, et ce n'est pas elle qui dirige les forces d'Arden, votre Plan ?"

Bérenger est maintenant persuadé d'avoir affaire soit à un simple d'esprit, soit à une victime d'une grave commotion cérébrale. Il fait une dernière tentative avant d'opter pour des mesures plus coercitives. Et c'est bien pour ne pas offenser le mystérieux protecteur d'Astragor qu'il fait ce dernier effort.

- " Bon, je m'aperçois que je ne me suis pas présenté dans les normes. Je m'appelle Bérenger, fils de Bleys, l'un des Princes d'Ambre. Nous nous trouvons actuellement à la frontière du Royaume, en Arden, dont les gardiens sont le Prince Julian et sa fille Dame Victoire, que tu connais déjà et qui nous héberge gracieusement dans un de ses relais de chasse."

Bérenger agite la main autour de lui pour désigner le lieu où il se trouve. Il pose ensuite sa main sur l'épaule d'Astragor (côté bras valide) et le regarde droit dans les yeux.

- "Tu as été capturé par un ennemi du Royaume D'Ambre, dont l'identité et les pouvoirs sont encore mal connus. Tu pourrais donc avoir des informations capitales pour notre défense. Pourrais-tu s'il te plaît m'expliquer qui es-tu, et raconter ta capture ?"

"- Je suis Astragor, fils Divin de la 13ème dame de l’Arcana Gena ANCHAR, Surveillante de la plaine des ossements.
- Je chassais dans les forêts du Cercle Noir le Cochonglier sauvage. Depuis peu, je réussissais à trouver des routes stables vers les royaumes de la Ceinture. Bon cela ne plaisait pas à tous le monde, mais là j’ai dû vraiment m’éloigner des plaines.
- Car, de chasseur, je suis devenu gibier. Cela commença par un molosse ou plusieurs qui m’ont pressé à travers les routes vers un comité d’hommes d’armes. Cela a duré un certain temps.
A la fin, je me suis fait prendre. Ils m’ont enfermé dans une oubliette de la forteresse, où votre compagnon m’a recueilli lors de mon évasion. Là, ils ont veillé à me laisser dans un état agonisant. Il y a un flottement providentiel, lors de l’apparition de votre partenaire, dont j’ai profité pour m’extraire de ma geôle.
- Il y avait une sorte de wraith, qui est venu plusieurs fois me charcuter, et prélever du sang.
il n'a vraiment parler qu'une seule fois en me triturant les plaies : "... Je ne pensais pas les descendants de Dworkin disposaient de tant de ressources..." et il vous a traité de " ... fils de voleurs ..."
- Mais je ne suis qu'un enfant bâtard, d'une fille cadette d'un duc du Chaos, exilée dans le Cercle Noir. Je ne comprends toujours pas mon implication dans ce conflit. Il faut dire que peu de voyageurs arpentent les os de la plaine et que je ne suis pas aux faits des nouvelles récentes des Royaumes.

- Au fait, qu'elles sont les griefs qui vous opposent dans cette guerre ?

- Quel est votre relation avec Dame Victoire exactement, vous êtes un de ses preux ?"

Bérenger regarde Astragor d'un air dubitatif. Il trouve qu'il se la pète un peu : les titres à rallonge, c'est déjà lourd à la cour d'Ambre, mais cela devient vite n'importe quoi au Chaos. Surveillante de la Plaine des Ossements, cela fait plus éboueur que seigneur...
Mais bon, à cheval donné on ne regarde pas les dents. Toutefois, s'il continue à croire que Bérenger est sous les ordres de Victoire, il faudra qu'il se passe de son dernier bras.

- "Tu n'écoutes pas : je t'ai déjà dit que Victoire est ma cousine. Nos pères, Julian et Bleys, sont frères, fils d'Obéron et petit-fils de Dworkin. Vu ta capture et le discours de ton ravisseur, tu sembles faire partie de la famille, puisque tu serais aussi descendant de Dworkin. Le fait que quelqu'un ait envoyé Rouxpoil te sauver va dans ce sens. L'insulte "fils de voleurs" est fréquente chez de nombreux nobles du Chaos, qui reprochent la perte d'un certain artefact à mes... nos parents. Hum..."

Bérenger réfléchit un instant.

- "Ces informations, et la description de tes ravisseurs, pourraient permettre au mieux une identification rapide de notre ennemi, au pire une idée de ses soutiens au Chaos. Il faut que tu soit interroger par le Roi, ou au moins un de ses frères, afin de déterminer si c'est du lard ou du cochon... du cochonglier sauvage dans ton cas !"

Ces mots prononcés, vous constatez qu'un garde ouvre une des portes de la cour. Une jeune femme, habillée comme un écuyer, se campe non loin d'Astragor et de Bérenger. Victoire doit avoir terminé sa promenade matinale. Elle monte un superbe alezan cuivré qu'elle fait arriver au petit trop vers ses deux "cousins". Puis, l'air narquois :
- "Vous avez dormi comme deux belles princesses. Mais il me semble maintenant, si ses messieurs sont suffisamment reposés, que nous avons un membre de la famille à retrouver. Vous savez, celui que vous avez égaré dans votre fuite..."
Pendant ce temps, la jeune fille attrape la monture de Victoire par la bride. La fille de Julian s'adresse à elle :
- "Encore quelques jours et il sera complètement acclimaté aux voyages en ombre. Il est par contre encore un peu fougueux et ne tient pas en place lors d'un combat".

Parfois le ciel se couvre de nuages lourds. L'orage gronde. La tempête s'abat. Les éléments se déchaînent. L'infortuné voyageur, trempé, craint pour sa vie.

Mais parfois les nuages s'écartent, le soleil jaillit. Les oiseaux chantent.

Après avoir réussi à se débarrasser d'Emetrios, Bérenger assiste au suicide en direct de Victoire. Il ne reste plus qu'à refourger Astragor à Random pour avoir carton plein.

Il va falloir la jouer serré. La manipuler pour qu'elle parte seule, tout en la prévenant devant témoin pour éviter tout soupçon.  

- "Chère cousine, je ne suis pas un bon combattant, comme vous le savez bien. Et Astragor est mutilé, il serait une piètre assistance.
De plus, j'étais parti pour une mission de reconnaissance, et j'estime avoir rempli ma tâche. Les renseignements précieux qu'Astragor et moi avons recueillis doivent être communiqués au roi.
Enfin, le danger est bien trop grand, l'ennemi est beaucoup plus puissant que prévu. La perte d'Emetrios est regrettable, le sauver serait un exploit remarquable, mais nous en sommes tout simplement pas capables."

Les yeux de Victoire s'arrondissent et sa bouche forme un "O". La fille de Julian avait de s'attendre à tout, mais surement pas à cette réponse. A la surprise succède la colère. Cette fois, c'est à travers deux fentes qu'elle regarde ses deux interlocuteurs. Elle répond alors, la voix tremblante :
" - Misérables lâches. Vous laisseriez l'un des notres derrière vous sans aucun remord ? Puis, inspirant, pour reprendre le contrôle d'elle-même. Je ne connais pas l'ombre où vous vous êtes rendus. Cela m'obligerait à faire une descente en me concentrant exclusivement sur Emetrios, s'il est encore en vie. Si nous y allons ensemble, Bérenger, tu pourras modeler ombre jusqu'à notre destination et je couvrirai nos arrières. Quant aux infos, vous n'avez rien. Mais vous semblez vouloir vous ridiculiser devant le roi avec ce néant. Je suppose aussi que beaucoup serons ravis de voir que le fils prodigue, formé par son père, n'est bon qu'à faire pousser des fleurs et à trousser des ombriennes.

Puis, portant la main à son épée et posant un regard très dur sur Astragor. Quant à vous, vos petites fesses ont été sauvées par accident. Je n'hésiterai pas à vous remettre dans une cellule et à vous laisser croupir à l'intérieur jusqu'à la fin des temps. Nous verrons bien cette fois quel tour vos petit protecteur mettra en scène, puisqu'il a l'air d'aimer le théâtre. "

Bérenger ricane.

- "Ni remord, ni regret, chère cousine. Le plan lamentable d'Emetrios a échoué. Tant pis pour lui. Mais si tu veux le rejoindre, vas-y. La porte est grande ouverte. Vis ta vie, Victoire. Mais sans moi."

Bérenger se dirige vers son cheval tout en gardant Victoire à l'oeil.

- "Sur ce, j'ai mon rapport à faire, je dois y aller."

incompréhension

- Madame, je voudrais bien vous mener au lieu de ma détention précédente
- Mais je ne comprend que de façon très sommaire le voyage entre les royaumes et je ne perçois aucune route vers l'ombre en question dans ce Plan.
- Puis, pour le peu que je comprend il vous faudrait une armée, et surtout une arme pouvant vaincre une meute anti-molosses vénéneux et pisteurs, pour déloger les ennemis de leur forteresse.
- L'action courageuse de votre pisteur a surement dû mettre vos ennemis sur le qui-vive et il ne se feront plus surprendre par un commando.
- Consulter votre chef de guerre avant toutes actions d'envergure me semble une bonne idée. si je détiens des informations importantes, comme vous pensez le croire, je n'en connais pas les tenants, qui me permettrait de vous les fournir.

Victoire expire profondément pour se détendre, puis lance à ses hommes :
- "Faites préparer la monture de mon cousin et une de plus pour son invité. Ils me paraissent assez reposés."
Puis elle continue sa route en direction des écuries où elle confie sont cheval à la jeune fille, avant de s'éloigner à grands pas vers le corps central. Déjà, une série de palefreniers s'activent et obéissent aux ordres de leur maîtresse.

Maintenant qu'il s'est débarrassé de Victoire, Bérenger prépare rapidement Rouxpoil pour le départ. Toutefois, il reste à déterminer le sort d'Astragor. Autant lui demander. Bérenger pose une main amicale sur l'épaule valide de son parent, et le regarde dans les yeux.

- "Que veux-tu faire maintenant, Astragor ?"

Je vais vous suivre, dans votre royaume, voir votre chef de guerre, Bérenger. Si vous voulez bien de ma compagnie.

Que va faire votre cousine Victoire après notre départ, d'après vous ?

Toutes mes condoléances pour votre parent Emétrios, il vous accompagnait dans votre reconnaissance ?

Bérenger n'écoute pas un mot de la réponse d'Astragor.
Il profite du contact visuel pour opérer un contact mental et entamer un combat psychique (p 93 du livre de règles). L'objectif est le vol d'informations. Astragor ne semblant se douter de rien, la surprise devrait avantager Bérenger, qui compte aussi sur sa Force et son Endurance pour arriver à ses fins, notamment si Astragor veut rompre le contact.

Bérenger compte poser les questions suivantes :

- "Es-tu un ennemi d'Ambre ?
- Qui t'as torturé et comment ?
- Que sais-tu de ton parent ambrien : de ton père ?
- Comment as-tu passer la Marelle ?"

Le but est de confirmer les affirmations d'Astragor, qui sont quand même peu crédibles, et d'en savoir plus sur son identité réelle. Et puis ça lui apprendra à croire que Bérenger est un domestique de Victoire.