Bibliothèque d'Ambre : Emetrios, Tristan, Rinaldo

Tristan salua le fils de Brand de la tête. Il avait entendu d'étranges rumeurs sur cette épouse - comme sur d'autres membres de la famille, bien sûr.

Il se retourna vers Emetrios.

- "Je ne suis pas sûr que tu aies besoin de mon aide. Je ne suis qu'un humble et inoffensif peintre de cour. Enfin, pas si humble, je te l'accorde. Je te serais sans doute plus utile en questionnant les autres courtisans..."

Le jeune artiste hésita, l'espace d'un instant. Il enchaîna, d'un ton léger et quelque peu ironique :

- "Mais je peux quand même vérifier si notre oncle au caractère espiègle et primesautier est disponible. D'autant que Bleys semble avoir rationné les jeux d'Atouts."

Tristan montra une armoire de la bibliothèque. Elle contenait auparavant les jeux d'Atouts que Dworkin laissait en libre disposition aux membres de la turbulente famille régnante. Une affichette y trônait, en bonne place.

Comment ses cousins se débrouilleraient-ils sans Atouts ?  Tristan ne concevait pas un univers sans eux. De nouveau, il étalait son propre jeu, cherchant cette fois la carte d'un des oncles qui l'impressionnait le plus. Le dieu des forêts, le grand veneur, le maître de la meute, l'ultime chasseur... Seul Bénédict l'effrayait davantage.

Avec prudence, Tristan essaya de contacter Julian.

Tu tu concentres plusieurs dizaines de secondes. Au moment où tu allais renoncer, le contact finit par s'opérer. Julian semble être dehors, et si tu en juges l'imposante forêt qui l'entoure, et probablement en Arden.
- Bonjour Tristan. Que me vaut cet appel ? répond ton oncle avec petit hochement de tête.

Le jeune artiste réprima un frisson.

- "Bonjour, mon oncle. Et toutes mes excuses si je vous dérange. Emetrios, le fils d'Eric, a été attaqué par des fauves, capables de le pister à travers les ombres. Il est à côté de moi et aurait besoin de votre... expertise."

Il buta sur le dernier mot, qui lui paraissait un peu faible.

Julian semble réfléchir quelques instants.
- "Emetrios ? Si c'est bien du fils d'Eric dont tu me parles, il me semble être un combattant endurci, souvent entouré d'hommes qui plus est... Un petit silence s'installe. A priori, tu as l'air de m'appeler depuis le palais. Vous devriez être en sécurité ; et nous allons bientôt avoir l'occasion de nous voir et d'en parler de vive voix. A tout hasard, je vais informer mes hommes. A bientôt.
Il semblerait que votre oncle s'apprête à couper le contact.

Tristan n'insista pas.

- "Je transmets le message à Emetrios. À bientôt, mon oncle."

Le contact s'était rompu. Il contempla un instant l'atout du chasseur.

Avait-il capturé, sur ce portrait, toute l'impassible férocité du maître d'Arden ?  Laissant échapper un soupir, Tristan se retourna vers son cousin.

- "Julian est prévenu. Sa horde sauvage sera sur le qui-vive. Il préfère cependant en discuter avec toi, lors de notre imminente réunion de famille. Vous y serez sans doute plus à l'aise. En fait... Il ne nous reste plus qu'à nous préparer à des assauts de mondanités, je suppose."