Réunion de famille impromptue

Oui mais un ombrien avec de grosses carac' !

Vu les caractéristiques de Tristan, il n'en mène pas large la plupart du temps... Bref, l'herbe est toujours plus verte ailleurs.

Tristan rompt le contact et range la carte aux multiples nuances de bleu dans son jeu.



Il lève les yeux vers sa cousine.

- "Une de mes amies... Qui pourrait te plaire, d'ailleurs... A interrogé l'un des émissaires des Euryales. En résumé, cette maison mineure de l'Empire a bénéficié de l'aide d'un nouveau venu, un parvenu, un sorcier des plus ténébreux qui invoque des créatures de l'Abysses. Dont les chiens de l'enfer qui ont manqué de dévorer certains cousins. Les autres démons en ont peur. J'ignore quel est cet invocateur. Peut-être est-ce lui qui a fait sorti Deidre de l'Abysse ?  Bref, je pense que nous nous trouvons face à une alliance plus ou moins hétéroclite entre un sorcier inconnu, la maison Euryale et... la famille de Cassandre. Au moins."

Tristan cherche dans sa mémoire.

- "Cette alliance compte aussi dans ses rangs un artiste des atouts aussi doué que moi et au moins un maître du Logrus. Il peut s'agir de la même personne. Le baron Vassily, le maître de la maison, n'était qu'un libertin sans grande envergure, quoique avec un réseau d'aristocrates décadents partageant ses goûts pervers. Peut-être un de ses enfants est-il plus doué, ou alors ils ont rallié une personnalité des Cours. Bref !  Quoique dise Cassandre, tout ce petit monde ne peut pas s'entendre aussi bien. Il y a des ambriens parmi eux. Et les chaosiens ne valent guère mieux !  Il faut essayer d'identifier plus précisément les membres de cette alliance et enfoncer des coins entre eux. Leurs intérêts ne peuvent être tout à fait les mêmes."

Le jeune duc prend une grande inspiration.

- "Pour cela, il va falloir négocier avec une revenante..."

Il sort l'atout de Deidre.

- "Prête à m'assommer ?  Bien... Mets la main sur mon épaule. Nous allons tenter de joindre notre tante."

Lystrella acquiesce une fois le résumé de son cousin terminé et met la main sur l'épaule de celui ci.

- "Allons y. Et le cas échéant j'eviterai de cogner trop fort."

Tristan se surprend à avoir les mains légèrement moites. Leur action n'est pas sans risques : une revenante de l'Abysse, probablement hostile, et qui n'est pas réputée pour sa douceur... Lystrella doit ressentir la même chose. Sa main lui parait brûlante.

Néanmoins, il n'est pas nécessaire de faire preuve de patience. Le contact se fait plutôt rapidement. Le cœur de Tristan manque un battement : parfois tenter, échouer, mais se dire qu'on a essayé est plus rassurant.

L'expression de Deirdre est imperturbable, la ressemblance avec Cassandre est frappante. Quelques petites différences toutefois, une forme du visage plus ovale, un port plus assuré... Mais surtout, Deirdre semble avoir... vieilli. Des rides courent à l’extrémité de ses yeux bleus - chose qui parait impossible pour une Ambrienne - et surtout ses cheveux jadis noirs profonds sont constellés de volutes grises. Elle porte une longue robe de velours vert, serrée à la taille par une fine ceinture argentée. Une tiare de la même couleur retient sa chevelure en arrière. Démence et souffrance se disputent dans son regard. Le décor derrière elle ressemble à n'importe quelle citadelle mais aucune armoirie n'est visible. Sa voix est froide :
- Oui ? A qui ai-je l'honneur ?

Tristan compose un visage neutre

- "Mes hommages, dame Barimen. J'espère ne pas vous déranger. Je m'appelle Tristan. Je suis le fils de Random Barimen et de Zorah Zeydon. Derrière moi se trouve Lystrella, fille de Caine Barimen. Nous nous permettons de vous contacter pour vous donner des nouvelles de votre fille, notre cousine, Cassandre. Il paraît opportun que nous discutions de plusieurs sujets."

Un éclair de colère fugace traverse le visage de l'Ambrienne, et l'atout, puis elle répond :
- Des nouvelles de ma... famille ? C'est plutôt rare. Et la connaissant, je suppose déjà que ça ne sera guère plaisant à entendre. Comment va Cassandre ? Et de quoi voulez-vous me parler ?

Je considère que c'est Tristan qui mène la conversation mais Lystrella peut s'incruster quand elle le juge opportun.

Le duc de l'Île du Levant marche sur des œufs...

- "Cassandre va bien. En toute franchise, nous avons dû prendre quelques précautions pour qu'elle ne nous éviscère pas à la moindre occasion. Des sédatifs et un environnement pauvre en oxygène, rien de bien méchant. Lystrella et moi avons été surpris d'apprendre votre survie, tout-à-fait inespérée. Vous féliciter et prendre de vos nouvelles paraît approprié. Vous demander s'il est possible d'éviter... de nouvelles éviscérations, de même. Lystrella se remet à peine de sa dernière entrevue avec notre cousine."

Tristan ose un pâle sourire.

Lystrella esquisse un léger sourire aux paroles de son cousin. Puis se permet quelques mots sur un ton se voulant badin mais où l'on sent poindre une certaine tension.

- "Voyez vous cher tante cela fait trois fois que je m'entrerien avec ma parente. Ce qui me place en première position question relation familiale vis à vis de notre cousine si l'on peut dire... Cependant j'ai fini par deux fois inconsciente mais nous ne lui en tenons pas pour autant rigueur au vue du bon traitement que nous lui avons fait subir."

Les yeux de Deirdre d'étrécissent. Sa voix est plus sèche quand elle reprend la parole.
- Lystrella... Cassandre m'a parlé de toi. Si tu as survécu, c'est qu'elle a l'air de t'apprécier, ou du moins de vouloir jouer avec toi. Quant à moi, je n'oublie pas que c'est à ton père que je dois mon grand plongeon. Même si, rétrospectivement, je ne regrette rien. Pour revenir à ma fille, je suppose que vous vous êtes interposés entre elle et sa cible. Si vous étiez resté en dehors de tout ça, vous n'auriez aucun problème. C'est d'ailleurs l'unique proposition que je vous ferai : libérez ma fille puis restez en dehors de tout ça et il ne vous arrivera rien.

Elle s'interrompt quelques instants, avant de reprendre, plus acide :
- "Et vous jeune Prince, je vous remercie de prendre de mes nouvelles même si je ne vous crois pas sincère. J'aurais préféré que mes frères partent à ma recherche..."

Tristan secoue doucement la tête.

- "Je ne vais pas vous jouer la comédie des grands sentiments, dame Barimen. C'est la première fois que nous nous rencontrons. Quand je suis arrivé à Ambre, vous étiez déjà devenue un mythe, une figure légendaire et tragique. L'une des plus belles de cet extravagant panthéon auquel nous appartenons. Mais mon admiration et ma curiosité sont sincères. J'ai grandi dans les Cours, votre survie dépasse l'entendement. Pour en revenir à Cassandre..."

Le fils de Random reprend son souflle.

- "Si je me suis permis de vous appeler, c'est bien parce que nous envisagions de vous remettre ma cousine, en signe de paix et de bonne volonté. Au lieu de la remettre à mon père, pour qu'elle soit jugée. Et dans l'absolu, je serais ravi de ne pas me mêler de vos affaires. Mais je n'ai guère le choix. Le royaume de mon père comme la Maison de ma mère pourraient être concernés par vos projets ou ceux de vos alliés. Je ne peux donc rien vous promettre sans en apprendre plus sur ceux-ci. Vous êtes sortie de l'Abysse. Une maison des Cours, proche de l'Abysse, a plongé l'empire dans une guerre civile. Leur allié, un mystérieux sorcier, invoque des chiens de l'Abysse pour les envoyer dévorer mes cousins. Je reconnais qu'il ne semble y avoir pas beaucoup de place pour la diplomatie, mais je suis prêt à relever le défi. Nous avons un ou deux points communs, n'est-ce-pas ?  Le sang.. Un éventuel litige avec sire Bleys Barimen... Et je suis de bien meilleure compagnie que sire Vassily Euryale."

Il arbore sa mine la plus avenante.

Deirdre crache :
- Ma survie ! Ce n'est pas à ma famille que je la dois ! Quand elle prononce ses mots, Lystrella et Tristan perçoivent clairement la folie dans ses yeux... Elle écoute toutefois la reste de la proposition de son neveu, puis lui répond :
- "Bravo ! Je constate que vous êtes déjà bien renseignés. Je m'attendais à ce que vous ne me parliez que d'Ambre, comme s'il n'existait que cela. Si vous saviez... [/i]Ses yeux deviennent vagues, puis parcourus par une vague de souffrance, ou de dégoût. [i]Votre proposition est intéressante toutefois. Je n'ai rien à perdre et vous avez fait preuve de courage. Par conséquent je vous invite à venir en discuter avec nous, j'ai toujours préféré les échanges directs. Venez avec ma fille bien sûr. Ma proposition est valable une minute exactement."

La fille de Cain louche légèrement vers l'oreille de Tristan tout en raffermissant sa main sur l'épaule de celui-ci, puis prend la parole en essayant de soutenir le regard de Deirdre.

- "Ma tante, nous avons prouvé par nos actes que nous ne faisions pas le jeu de nos géniteurs. Cepandant, même si Cassandre vous a loué ma monumentale bêtise, nous ne pouvons nous permettre de perdre le peu d'ascendant que nous avons réussi à obtenir.

Lystrella s'humecte les lèvres et dégluti.

- "Reconnaissez que sans cela vous ne nous auriez accordé aucun crédit et encore moins prêté attention. Nous sommes ici pour des pourparlers pas pour être menacé. Notre Oncle Corwin est aux mains de ce que certains appellent communément "Les Rouquins" et nous aimerions, entre autres choses, de plus amples renseignements sur ce qu'ils trament."

Tristan reste interdit quelques secondes, laissant Lystrella répondre. Après avoir mis de l'ordre dans ses pensées, il reprend la parole.

- "Je vous remercie de votre invitation, dame Barimen. Lystrella, je crois qu'il n'est plus temps de se montrer prudent. Et croyez-moi, il m'en coûte de dire cela. Puisque notre tante préfère les transactions de gré à gré... Il faut y aller. Ma tante, laissez-moi juste quelques instants pour aller chercher votre fille."